Le gouvernement, la droite et le RN ont fait voter une loi portant soit disant sur la défense du pouvoir d’achat des Français. Le texte adopté tient plus de la poudre aux yeux que d’une vraie politique de soutien budgétaire aux ménages. Toute honte bue, ses promoteurs accusent nos parlementaires de la NUPES de s’opposer à un texte qu’ils présentent comme important pour le porte-monnaie des Français.
Les débats furent longs, denses, menés dans le cadre d’une procédure accélérée. Posons ici, à tête reposée, une évaluation de la soit disante générosité de ce texte.
Le dispositif phare qu’il propose n’est pas très nouveau puisque le gouvernement propose de reconduire et tripler le plafond de la prime dite “prime Macron” au bénéfice des salariés [en réalité cela ne concerne que 15% d’entre eux]. Une prime soumise au bon vouloir de l’employeur sans que celui n’ait à s’acquitter d’une quelconque fiscalité ni à respecter un minimum d’objectifs d’intérêt commun ou de valeurs qui nous sont chères.
Maigre concession, la loi revalorise aussi les retraites et les minima sociaux mais à un niveau inférieur à celui de l’inflation observée en France (sans même évoquer ici nos fonctionnaires et retraités vivant à l’étranger qui vivent dans des pays où l’inflation est encore plus élevée…)
L’art du compromis, le gouvernement tente de l’apprendre mais il regarde et embrasse plutôt à droite. Par contre le vote réflexe négatif des amendements défendus par nos députés de la nouvelle union populaire écologique et sociale est systématique. Une députée Renaissance l’a déclaré sans ambages dans les débats “nous n’avons jamais dit que nous ferions des compromis avec vous”. Dont acte.
Sans faillir, par confort de posture et paresse intellectuelle, les parlementaires de la majorité relative conjointement à leurs collègues de droite et d’extrême-droite se sont donc opposés à toutes nos propositions de bon sens.
Nous avons proposé de relever le SMIC pour le porter à 1500€ net, ils ont dit non. Nous avons proposé d’ouvrir une conférence sociale sur les salaires, ils ont dit non. ❌️
Nous avons proposé de porter la revalorisation des minima sociaux au niveau de l’inflation réelle, ils ont voté contre. ❌️
Nous avons proposé d’exclure du bénéfice des exonérations patronales sur les primes les entreprises qui rémunèrent en dessous du salaire légal. Pour eux c’est non. ❌️
Même les amendements “modérés” entrant dans la logique de ce texte et visant à instaurer une politique d’équité dans ce dispositif de prime sont rejetés. Nous avons proposé d’interdire que la différence entre les primes attribuées n’excède un rapport de 1 à 12. Ils s’y opposent. ❌️
Nous avons proposé d’exclure les hauts salaires de la prime Macron afin d’inciter les entreprises à la verser aux plus bas salaires. C’est toujours non pour eux.❌️
Pourtant il faut le rappeler, défendre l’augmentation du salaire plutôt qu’une prime défiscalisée c’est défendre du pouvoir d’achat durable. Le choix retenu par cette loi est celui de sous-financer notre système social. Faute de discussion sur le réajustement des salaires, il conduira les salariés d’aujourd’hui à de petites retraites demain.
Les cotisations sociales non versées sur cette maigre redistribution de richesses seront les déficits de demain, ils représentent aussi à terme les sous-financements de l’hôpital et du remboursement de Sécurité sociale… Ce gouvernement crée aujourd’hui les problèmes qu’il voudrait se faire fort de régler demain.
Le gouvernement avance l’argument de la célérité “instaurer une prime permet un gain plus rapide et immédiat”. Soit. Mais pourquoi ne pas ouvrir à la rentrée des négociations de branches pour des augmentations salariales et réaliser l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes? Là encore c’est non ! ❌️
Peut-être pourrait-on demander aux grandes entreprises en pleine santé de prendre leur part aux financements des cotisations sociales? Nous avons alors demandé de limiter les bénéfices des exonérations de cotisations patronales de la prime Macron aux entreprises de moins de 5000 salariés.
C’est toujours non ❌️
En plein aveuglement idéologique, la majorité ne tire pas non plus les conclusions qui s’imposent de ses propres constats. Il existe actuellement des superprofits pétroliers et des surcoûts évidents exigés par les opérateurs logistiques, deux facteurs qui engendrent l’inflation actuelle selon le lui. Pourquoi ne pas proposer une taxe exceptionnelle sur ces profits comme nos voisins européens. Devinez la réponse? ❌️
Non content de ses positions anti-sociales, la coalition des droites et d’extrême-droite reprend ses réflexes écocides. Le gouvernement et sa majorité relative soutenue par les Républicains et le RN choisit d’autoriser la réouverture d’une centrale à charbon, en plein épisode de canicule.
“Il se peut qu’il y ait des pénuries, nous devons diversifier les fournisseurs d’énergie fossile” nous dit ce gouvernement condamné 2 fois pour inaction climatique. Alors il rajoute aussi dans la loi l’ouverture d’un terminal méthanier pour importer du gaz de schiste américain en dérogation au code de l’environnement. Au passage, celui-ci ouvrirait fin 2023 alors qu’on nous le présente comme une nécessité pour résoudre une possible pénurie à l’hiver 2022. 😡
Croyez le ou pas, il n’y rien dans cette loi “pouvoir d’achat” concernant le premier poste de dépense des Français : le logement ! Nous avons proposé plusieurs variantes d’encadrement des loyers au bénéfice des plus modestes. Réponse : toujours non ❌️
Enfin il n’y a rien dans cette loi pour les Français établis hors de France ! Malgré mon interpellation à ce sujet de Bruno Le Maire en commission des Finances, la loi n’inclut aucune mesure pour leur pouvoir d’achat, pas même un coup de pouce au budget des aides sociales.
Malgré la déconjugalisation de l’AAH, mesure de justice attendue depuis des années, pour laquelle j’ai voté ainsi que tous les groupes de la NUPES, j’ai donc voté CONTRE cette loi, qui n’a rien d’une loi de pouvoir d’achat.