De retour de Ouagadougou, je profite de ce message pour partager avec vous quelques observations sur la politique étrangère de la France en Afrique, notamment dans les pays de notre 9e circonscription. Depuis 2017, la place et l’influence de la France au Maghreb et en Afrique de l’Ouest sont bousculées, remises en cause et contestées.
Loin des slogans d’une « nouvelle relation », l’action diplomatique de la France sous la conduite du Président Macron offre un bilan décevant : crise des visas, tensions diplomatiques, attaques contre notre action militaire. La réconciliation des mémoires tant vantée n’a pas encore permis de jeter les fondements de relations apaisées et constructives avec notre continent. Si on reproche à la France son arrogance, le président de la République lui-même ne fait rien pour corriger cette perception.
S’agissant de notre coopération avec nos pays de résidence, le Président a accéléré le démantèlement de notre réseau diplomatique. Sa majorité a systématiquement fait obstacle à la reconstruction de nos outils de coopération, s’appuyant sur la seule AFD, qui s’apparente de plus en plus à une banque.
Sur le terrain militaire, l’échec est spectaculaire. Les images de l’accueil triomphal du président François Hollande, à Bamako, il y a dix ans, semblent bien loin. Le dispositif Barkhane, qui a permis de lutter contre la menace djihadiste, est aujourd’hui réduit à peau de chagrin par la crise diplomatique avec plusieurs pays du Sahel. A chaque crispation, nos militaires, laissés seuls sur un terrain déserté par la coopération civile, sont livrés à la colère populaire, hélas souvent manipulée par nos adversaires. Le redéploiement annoncé au Niger et en Côte d’Ivoire n’est qu’une réponse de court terme.
La défiance à l’égard de la France au Maghreb et en Afrique de l’Ouest se double du sentiment d’abandon des Françaises et Français qui y résident. Nos consulats ont vu leurs moyens budgétaires baisser drastiquement depuis dix ans. Notre politique d’influence culturelle est de plus en plus sous-traitée à des acteurs privés. L’aide au développement doit être repensée si on ne veut plus que la France soit accusée de tous les maux : captation des ressources, impérialisme, prédation, etc. Il y va de l’avenir de nos relations bilatérales et de la sécurité même de nos compatriotes vivant en Afrique.
Dans ce tableau, un espoir républicain demeure. En France, le temps présidentiel est compté. A nous de préparer l’alternance qui portera une nouvelle politique étrangère et une nouvelle ambition pour notre partenariat avec l’Afrique !